Ma vie se résume à tais-toi et sois jolie. Oui, toute mon enfance, on m'a traité ainsi. Je n'avais jamais mon mot à dire, mon seul travail était d'être polie, de sourire et de rester jolie. Père était à la tête d'une puissante compagnie coréenne et ma mère était une actrice. Autant dire que j'avais la belle vie, si l'on peut dire. Enfin, quand on dit belle vie, c'est juste que j'avais de l'argent pour m'acheter ce que je veux. J'avais toujours une petite horde de domestiques à ma botte qui faisaient tout ce que je voulais. J'étais enfermée dans ce cocons de paillette et ne sortait presque jamais. Je ne pouvais pas tout simplement. Parce que j'avais hérité de la beauté de ma mère, Père voulait me garder rien que pour lui. J'étais un peu son trophée et il ne me sortait que lors des galas mondains. Même à l'école... Enfin, disons plutôt que mes primaires, je les ai passé chez moi avec un précepteur, différents précepteurs qui m'apprirent bien trop de choses pour une fillette de mon âge. Mon père aurait voulu un fils, il avait une fille. Il aurait pu faire de moi, son héritière mais non, il a préféré faire de moi une fille cultivée de bonne famille. C'est normal après tout non? Et entre temps, il avait choisi un gars pour le former, pour qu'il devienne son héritier. Bref, je n'étais qu'une poupée à ses yeux.

A l'âge de 11 ans, je me retrouvais pensionnaire dans une école de jeunes filles. Enfin, je voyais le monde, je sortais de chez moi. Mais je n'étais encore qu'une enfant et tout ce que me disaient mes professeurs, je les croyais. On disait que le monde dehors était effrayant, que je devais toujours rester sous le couvert de mes parents. J'ai obéi, j'obéi toujours, comme une marionnette. Je crois que c'est de là que vient mon manque de confiance. Parce que je n'ai fait qu'obéir durant toute mon enfance, je ne connais pas mes réelles capacités, je n'ose pas dépasser les limites. Peut-être est-ce aussi la raison pour laquelle je suis devenue aussi naïve? Parce qu'il m'a promis de voir le beau monde, parce qu'il m'a promis qu'avec lui, je n'aurais pas à me cacher? Et je suis tombée dans son piège. A 19 ans, j'étais encore aussi innocente qu'une fille de 11 ans, à croire que tout le monde il est gentil, tout le monde il est beau. Alors je suis partie avec ce garçon que je connaissais à peine. Je suis partie pour découvrir le monde sans même prévenir mes parents.

La Californie fut notre lieu de prédilection. Il voulait voir son rêve de chanteur réalisé, il s'est retrouvé à travailler dans des bars. Et moi dans tout ça? Je restais dans notre miteux appartement à attendre son retour. La belle vie était finie, je devais m'occuper de tout. Je n'aimais pas ça, pas du tout même alors je l'ai quitté. Finalement, tout ce qu'il voulait c'était de l'argent pour partir et une bonniche. Je me suis faite avoir... J'aurais voulu rentrer en Corée mais j'avais juste trop honte. Je n'osais pas contacter mes parents pour qu'ils viennent me chercher... Après tout, je ne leur ai laissé qu'un seul mot disant de ne pas me chercher, que j'allais bien, que je suis partie parce que j'aimais ce garçon et non pas le fiancé qui m'était destiné. Enfin, je crois...

A 20 ans, je me retrouvais à travailler dans des bars. Heureusement que j'étais bilingue... J'aurais voulu aller à l'université mais je devais d'abord travailler, encore et encore pour gagner de l'argent. C'est ainsi que je l'ai rencontré, lui, Genji. Je ne connaissais pas grand monde ici, je ne sortais pas beaucoup. Lui, il venait toujours me voir. Enfin, il venait toujours au bar et commandait toujours la même chose. Finalement, un jour, il s'est présenté et directement, il m'a demandé de sortir avec lui. J'ai refusé. Après tout, je ne le connaissais pas... Mais il a persisté, encore et encore, venant jusqu'à me voir tous les jours. Je ne pouvais pas accepter ses sentiments. En fait, je me demandais s'il m'aimait vraiment ou c'était juste parce que j'étais jolie. Mais je dois avouer que ça me faisait vraiment plaisir, toutes ces visites. Certes, la plupart du temps, j'avais l'impression qu'il se moquait de moi mais... Je lui étais quand même reconnaissante dans un sens. Et je ne sais pas à partir de quand mais je crois être finalement tombée amoureuse de lui.

Il était obstiné, il a finalement réussi à avoir une partie de mon coeur. Notre relation n'a pas durer longtemps pourtant. Il était bien trop bagarreur à mon goût, je lui disais toujours d'arrêter mais il ne m'écoutait pas. Je n'aimais pas le voir arriver avec la lèvre fendue ou un oeil au beurre noire. Après je me retrouvais toujours à le soigner. Finalement, je me rends compte que j'étais plus son infirmière personnel que sa petite amie... Et en plus de ça... Il me trompait, j'en étais persuadée, du moins, c'est ce que cette fille est venue me dire alors que je travaillais. Ainsi donc, il avait deux copines?! Encore une fois, je me suis retrouvée trompée, abusée comme une idiote. Il devait bien rire... Notre relation n'avait duré que 2 semaines et pourtant, j'avais eu le temps de m'attacher à lui. Tout ça à cause de ses belles paroles pendant plus d'un an. J'étais sûr qu'il sortait déjà avec cette brunette à l'époque où on s'est connu! Et j'avais raison... Il la connaissait depuis plus longtemps mais je m'étais trompée sur toute la ligne. Il ne m'avait jamais trompé, cette brunette n'était que sa demi-soeur. Nous avions rompu pour rien. Et encore une fois, la honte me submergea. J'aurais du lui faire confiance... Mais comme accorder sa confiance quand je ne me fais même pas confiance? Je ne sais pas... Je n'ose même plus le voir, ni lui parler et pourtant, j'espère encore, tous les soirs, de le voir débarquer dans le bar où je travaille... Une semaine seulement mais il me manquait déjà... Jamais encore nous n'avions passé autant de temps sans nous voir. Non, je ne ferais pas le premier pas... Je ne peux pas, j'ai juste trop peur...